La fermeture de l'usine Amora à Dijon m'a chamboulé le ciboulot. La nuit dernière j'en ai fait des cauchemars : à un moment j'étais en plein repas de famille, peinard, tout le monde jacassait devant une choucroute monstre et on buvait de la Ch'ti bien fraîche, quand quelqu'un, ce devait être mon beau-frère une fois de plus, s'est exclamé " Y'a plus d'moutarde, des saucisses sans moutarde ça l'fait pas, faut envoyer Grincheux à Dijon en acheter ! " - Là tout s'est brouillé, tout le monde parlait en même temps, moi j'essayais de leur faire comprendre, à tous, que leur choucroute serait froide quand je rentrerais, qu'il valait mieux frapper chez les voisins pour se faire dépanner...mais rien n'y fit, la tête dans le coaltar je me suis mis en route pour Dijon, à pied, ne me demandez pas pourquoi, c'est
comme ça dans les cauchemars. Au retour, par les départementales, ce fut l'horreur, il pleuvait, et j'avais un seau de 10 kilos de moutarde à chaque bras. J'étais à peine rentré que le réveil s'est mis à sonner, et je suis parti au boulot au radar.
Au boulot j'ai vu la tête de mon collègue Sébastien, j'ai noté tout de suite que quelque chose clochait, il avait l'air épuisé. "Mal roupillé ?", je lui ai demandé. Seb m'a expliqué que lui aussi avait rêvé toute la nuit. Séb est célibataire. Après une grosse journée sur les dossiers d'appels d'offre de la boîte il s'est mis au lit de bonne heure après avoir sifflé une demi bouteille de beaujolais nouveau et s'est endormi comme une masse. Soudain on sonne à la porte, il va ouvrir, c'était Angelina Jolie. "Bonjour chéri," elle lui lance, je suis de passage à Paris, sur un tournage, je me suis dit, tiens, allons faire un petit coucou à Seb. "Alors, raconte", je dis à Seb. "Ben jai mis un peignoir, je l'ai fait entrer, j'ai fait du café, mais le peignoir a été vite éjecté car elle s'est dénudée en un clin d'oeil et m'a attiré vers le canapé. Elle est ensuite partie aussi vite qu'elle était venue. Je me suis repieuté avec un sourire béat, mais on a resonné à la porte, cette fois c'était Emmanuelle Béart : bonjour mon chou, elle m'a lancé, en gonflant en rond ses lèvres pulpeuses sur le mot 'chou', tu m'invites à entrer quelques instants ? Pas d'problème Poupée, je rétorque, il me reste du café, il doit même être encore chaud.. et paf d'un geste sa robe lui tombe aux pieds, elle ne portait rien dessous, et malgré ma fatique je suis parvenu à lui rendre hommage décemment. Puis je suis tombé endormi d'un coup. Soudain a retenti la sonnerie de l'entrée... je commençais à marcher comme un automate, et je n'ai pas été plus surpris que ça de trouver, debout sur le paillasson, Monica Bellucci elle-même, en tournage dans le coin, qui était montée 'pour passer un moment coquin avec Seb', je cite. Non Monica, je suis désolé, je lui ai dit carrément, je suis crevé, les dossiers d'appels d'offres à la boîte, tout ça, et d'ailleurs je n'ai plus de café à vous offrir..."
- Quoi, bougre de Seb, j'ai crié, t'as laissé Monica Bellucci repartir avec le feu au cul ? Mais t'es con, ou quoi ? Fallait me téléphoner, j'me serais radiné dare dare... avec mon gros dard !
- Mais je t'ai téléphoné ! s'est exclamé Seb, la main sur le coeur
- Et alors ?
- Et alors, c'est ta femme qui a décroché
- Mais c'est pas possible, j'ai rien entendu, qu'est-ce qu'elle t'a répondu ?
- Elle m'a dit que t'étais parti à Dijon chercher de la moutarde