C’est un livre de Jean-Louis Fournier, 152 pages chapitrées un peu comme La première gorgée de bière (et autres plaisirs minuscules) du père au chanteur Delerm, comme des histoires courtes : un livre bref, qui se lit en une heure, et je dirais : heureusement, parce qu’il est tellement poignant qu’il n’en faut pas plus pour vous emporter dans un torrent de pensées sur la vie, les enfants, la mort, la maladie. L’auteur a eu deux fils, Thomas et Mathieu, tous deux gravement handicapés. Il raconte…mais pas tout, seulement des moments, des étapes, des minutes, des anecdotes. On tourne les pages, bouleversé, et on arrive au bout différent de ce que l’on était une heure plus tôt.
Ils ne sont pas nombreux, les moments dans la vie où après être resté assis au calme une heure on se relève changé. Pour 15 euros, ça vaut bigrement le coût. C’est 5 bières haut de gamme au comptoir de l’abreuvoir à côté de mon bureau, et si je veux y regoûter, il faut repayer, tandis que le livre de Fournier, je sais où je l’ai rangé et que j’y reviendrai plusieurs fois. Le est simple, sobre comme la couverture, sans adverbes inutiles, avec des saillies d’humour fulgurantes, qui vous transpercent délicieusement.
De son existence avec ses deux fils, l’auteur dit: « Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents normaux. Nous n’avons pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. » Où on va, papa ? Par Jean-Louis Fournier, éditions Stock.
Quelle joyeuse fin de week-end ! T'es là pour nous plomber le moral ? Bravo, tu as gagné ! J'avais vu la présentation de ce livre à la télé, il m'avait semblé fort intéressant mais je craignais que sa lecture me mette le moral à zéro. Voilà, c'est fait, avec une seule phrase du livre. Merci grincheux !
Rédigé par : pépite | 02 novembre 2008 à 21:54
Excellente lecture. J'en avais parlé, là
http://bulledepapier.typepad.com/weblog/2008/09/le-mal-par-le-r.html
Rédigé par : Ardalia | 02 novembre 2008 à 22:08
"On arrive au bout différent de ce que l’on était une heure plus tôt." Dieu t'entende, ou Marx (Groucho, bien sûr)! S'il pouvait être vrai qu'on soit un peu différent après une lecture, qu'on ait acquis ne serait-ce qu'une once de sagesse, et surtout qu'on garde en mémoire ce petit quelque chose qui nous rend meilleurs ! Au fur et à mesure du temps qui passe, il n'y aurait plus de conflit, plus de guerre, plus de haine ; le monde serait tolérance et amour. Rêvons un peu, donc ! Et tentons de nous souvenir sans cesse de ce qui nous a fait un jour progresser et changer notre regard sur les autres.
Rédigé par : diablotine | 03 novembre 2008 à 09:55
Encore un scoop du Grincheux!
Le Fémina vient d'être décerné à ce livre!
Question: "Grincheux" est-il une "fausse barbe"? est-ce une "Grincheuse" qui se cache derrière notre gnome favori?
(Attention: je n'ai pas demandé à G.G de nous donner des gages de sa virilité...
Jack
Rédigé par : Jack | 03 novembre 2008 à 13:45
et puis Jean-Louis Fournier, c'est lui l'auteur de la fameuse depeche AFP d'un sombre jour de 88 : "Pierre Desproges est mort d'un cancer. Etonnant, non ?".
parfois on se demande si talent et malheur... malheur et talent...
moi, ca va, tant pis pour moi.
http://www.babelio.com/critiques/Fournier-Ou-on-va-papa-/87675
Rédigé par : tilly | 04 novembre 2008 à 15:59