Deux femmes asiatiques ont été retrouvées sauvagement assassinées au poignard à Paris (Lire Le Point). Mme Anh Dao Traxel, qui est fille adoptive de Jacques et Bernadette Chirac, a déclaré :
"La classe politique française et les médias ne doivent pas passer sous silence : il faut réagir avec la même ferveur que lorsque sont victimes des personnes d'origine juive, maghrébine, ou africaine", a ajouté Mme Traxel, qui estime que la communauté asiatique, qui se montre "discrète", doit maintenant se faire entendre et affirmer que "ça suffit".
Les deux victimes étaient des prostituées. Depuis Jack l'éventreur ce n'est pas la première fois que des filles vénales se sont trucider. C'est un métier à risque, et les capotes ne protègent pas de tout. Si ces dames avaient été des Ch'tis ou des Bretonnes - des concitoyennes françaises de Mme Anh Dao Traxel- leur fin cruelle n'aurait pas remué un seul instant la sensibilité de Mme Traxel, qui, bien que fille adoptive d'un ex président de la république, réagit comme asiatique avant d'agir comme française.
On attend, si cette tendance se poursuit, que le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant monte un jour prochain au créneau pour demander que cesse le silence scandaleux des médias sur la souffrance d'une prostituée originaire de sa ville natale de Vimy (Pas-de-Calais), qui devrait, à l'instar des Juifs et des Maghrébins, avoir droit à sa part équitable de la compassion nationale, merde alors, c'est vrai, dans ce pays il n'y en a plus que pour les Juifs et les Africains. Et les Asiatiques, et les Ch'tis, on pense à eux, parfois ?
Soit rappelé en passant, fut un temps où un bar à putes hôtesses assez glauque avait pignon sur route nationale dans cette bonne ville de Vimy (62), il était situé, entre Lens et Arras, à peu près à mi-chemin dans la descente de la fameuse crête de Vimy, une maison d'angle en briques sur la droite. Malgré des centaines de passages devant en voiture, je ne m'y étais jamais arrêté (voyez comme j'étais) jusqu'au jour où un collègue qui m'accompagnait en visite-client me suggéra d'y aller boire une bière : juste pour voir la manière originale dont ces dames disaient bonjour aux messieurs, me servit-il comme argument (car j'étais réticent, eh oui). En effet, ça valait un stop, les hôtesses, qui savaient ce que tenir une maison impliquait, se levèrent toutes comme pour Danette à notre entrée pour venir nous saluer par un palpage très appuyé au niveau de la braguette. Sympa.
L'intervention bruyante de Madame Traxel signife qu'à partir de maintenant, les Asiatiques revendiquent leur morceau de la compassion officielle à l'égard des minorités communautaires opprimées. Je sentais bien que ça allait venir un jour, et plusieurs fois j'avais ici souligné l'étrange discrétion des Asiatiques de France, dans une période où chaque descendant d'immigré semble tout faire, non pour s'incorporer dans le peuple des Français comme le firent à toute vitesse jadis les Polaks, les Ritals, les Espingouins et même les Yougos et les Ruskovs, mais pour se rattacher à ce qu'il est convenu d'appeler "une communauté" de gens se sentant appartenir à autre chose qu'à la... 'communauté française' ... juxtaposition de deux mots que jamais personne n'emploie, avez-vous remarqué, et qui pourtant est la mienne, a priori, ...
à moins que sous la pression communautariste ambiante je ne me rattache à la communauté ch'ti, encore que cela ne soit pas évident, puisque si je suis bien né en terre ch'ti, mon père naquit en terre limousine : or je remarque qu'une tripotée de porteurs de cartes d'identité françaises nés dans le département de Seine-St-Denis se déclarent "Africains" ou "Maghrébins", ou d'autres nés en un peu partout en France "Marocain" (tel le comique Jamel, né à Paris) ou "Algérien" (tel le mannequin publicitaire Zidane, né à Marseille).
Tout ça me rappelle un mien cousin par alliance qui me fut fièrement présenté dès le premier jour comme "un Corse"; il en avait en effet quelques caractéristiques, comme un certain machisme affiché et une façon typiquement corse de ne pas prononcer les fins de mots en 'a' (comme nous le faisons bêtement) : 'la Castagniccia (région des chataigniers, magnifique : notre photo) est alors prononcé avec un 'e' muet à la fin : "castagniccch". A peine les présentations faites, je vis ce gaillard sympatique se lever, pour, m'expliqua-t-il, aller montrer le quartier de son enfance à sa nouvelle femme. Comme nous étions en banlieue parisienne, j'exprimai mon étonnement... Diable, même en partant tôt, le temps d'attrapper un avion à Orly pour Ajaccio, visiter, acheter de la cochonnaille locale, boire quelques Pietra (bière que je vous recommande) revenir à Orly ... seraient-ils des nôtres pour le dîner ? Oui, m'affirma "le Corse", c'est dans le premier arrondissement de Paris, quartier de l'Hôtel de Ville.
D'où la question posée : pour le communautarisme, avons-nous le droit de procéder comme pour les nouvelles plaques minéralogiques, à savoir choisir librement, hors de toute logique administrative, notre lieu de rattachement sentimental, celui dont nous décidons que les autres doivent nous percevoir comme 'membre communautaire' ?
SUIVI, 28.12.08 - - Un suspect vient d'être appréhendé. Il est de nationalité portugaise et habite au Luxembourg. Les deux victimes étaient thaïlandaises, en situation irrégulière. Nous sommes curieux de savoir ce qu'en déduit Madame Anh Dao Traxel... que si la France ne laissait pas des étrangers entrer sur son territoire ce meurtre n'aurait pas eu lieu, faute de protagonistes ? Que doit dire sa 'communauté asiatique qui doit se faire entendre' ? Qu'il est scandaleux de laisser un Portugais venir assassiner des Thaïlandaises qui auraient dû être expulsées de notre pays ? On attend la suite des déclarations intelligentes de Madame Traxel.