Hervé Chabalier, pourtant journaliste et patron d'une grande agence de presse (Capa, avec un C comme Chabalier), n'avait jamais publié un seul livre à près de soixante ans. Son premier - Un dernier pour la route- ce fut pour raconter comment il avait cessé de boire de l'alcool. Cet exploit fit sa gloire. Totalement inconnu du grand public jusqu'alors, il se fit inviter dans une flopée d'émissions radio et télé, et soudain, comme par magie, devint l'un des faiseurs d'opinion les plus présents sur les antennes (FR5, RTL...). En quelques années, entre 2004 date de son livre et 2009 aujourd'hui, Chabalier s'est installé au côté des vieux briscards que l'on s'arrache pour venir sur les plateaux donner leur avis au peuple, tels Alain Duhamel, Serge July...
Aujourd'hui Un dernier pour la route est devenu un film, et Chabalier a encore multiplié sa présence, avec le renfort inopiné de son interprète François Cluzet qui avoue avoir un point commun avec Hervé Chabalier : tous deux, comme ils disent dans leur langue épurée, ont eu un "un problème avec l'alcool". Tu parles ! "Un problème avec l'alcool"! Ivrogne, picoleur, pochetron, poivrot, soulard, sac à vin, éthylique, c'est ce qu'était Hervé Chabalier, un être faible, dépravé, lamentable, ignoble pour lui-même et probablement pitoyable aux yeux de ses proches. Et c'est grâce à cela qu'il a pu accéder à une gloire soudaine, inattendue en fin de carrière !
Chabalier est devenu un héros moderne par le seul exploit que d'imbibé permanent il est devenu en une cure de désintoxication un abstinent intégral. Par cet 'exploit', au lieu d'avoir eu la force, comme l'immense majorité d'entre nous, citoyens anonymes, de boire modérément chaque jour de sa vie, Monsieur Chabalier a gagné le triste privilège de ne plus jamais pouvoir goûter au plaisir d'ouvrir une bonne bouteille de chablis pour saucissonner avec un compère blogueur en devisant sur la marche du monde et en entonnant de vieux succès de la chanson comme Félicie.
Je revendique haut et fort (et comme il est 10 h du matin je suis à jeun) mon droit à atteindre le même degré de gloire que ce Monsieur Chabalier ; j'ai fait infiniment mieux que lui, au lieu de lutter une seule fois dans ma vie contre l'alcool après avoir pourri mon existence et celle de mon entourage, j'ai réussi chaque jour, 300 fois par an depuis des décennies, à déguster une certaine dose raisonnable d'alcool et à m'arrêter avant de devenir un ivrogne. Des centaines, des milliers de fois j'ai lutté et je suis sorti vainqueur. Monsieur Chabalier une seule fois, c'est un minable, un petit joueur, un freluquet : on ne devrait pas montrer comme exemple au peuple des individus aussi peu volontaires. Pire encore, Monsieur Chabalier profite des tribunes qui lui sont offertes pour appeler les consommateurs à ralentir (voir complètement cesser, comme lui) la dégustation de nos bons vins de France. Cet homme est un danger pour le secteur viticole, l'un de ceux, avec le luxe et l'aéronautique, qui ont fait la réputation mondiale de la France.
Je plains sincèrement Monsieur Chabalier : plus jamais un bonne bouteille de bordeaux de derrière les fagots un beau dimanche d'automne, plus jamais un bandol frais sous la tonnelle au cœur du mois d'août, plus jamais un alsace vendanges tardives en apéritif avant le barbecue, et j'ai déjà parlé du chablis de tradition que l'on s'offre entre vieux potes. Que fait désormais Chabalier pour célébrer chez Capa une nouvelle commande de reportage de Francetélévisions ? Il ouvre joyeusement une bouteille de champomy vendanges tardives, et ça rigole, ça chante à tue tête dans les bureaux. Lamentable !
Que va faire le glorieux Chabalier le soir du troisième jeudi de novembre ? Je l'ignore, mais je sais que moi je ferai une apparition vers 19h au zinc de ma brasserie du coin favorite, où je trouverai l'ensemble du personnel déguisés en vignerons (avec nez rouges assortis aux foulards) et qu'au son de l'accordéon je répondrai à Philippe qui me posera la question rituelle "comment vous le trouvez cette année ?" : "meilleur que l'an dernier", et que ça nous fera rire un bon coup. J'en ai gagné le droit et le plaisir parce que mille fois j'ai eu le courage de dire non à trop de vin. Je n'ai pas de "problème avec l'alcool", c'est l'alcool qui a rencontré un problème avec moi : je le domine, je le maîtrise, je le surmonte, tout en l'appréciant. Je suis un homme fort. Pourtant, jamais je ne serai invité sur RTL ou au JT de TF1 pour en parler. Le récit de ma consommation modérée, festive, conviviale de vins de France et du Nouveau Monde ne sera jamais perçu comme "un immense cri d'espoir" (pour la filière viticole).
Sur le site EVENE, toute l'actualité des lettres : Pour son premier livre Hervé Chabalier a choisi de raconter son histoire, contre l'alcool. Il fallait oser... Être le patron d'une des plus grandes agences de télévision d'Europe (Capa) et prendre le risque d'exposer au grand jour une expérience si difficile à dire. Avec une grande pudeur des sentiments et une rare honnêteté, ce témoignage intime, fort, lucide et courageux frappe en plein cœur. Pendant cinq semaines, Hervé Chabalier a ainsi tenu le journal de sa cure dans une clinique spécialisée. Le travail de thérapie personnelle, avec son œil de journaliste précis et exigeant, il a tout noté, au jour le jour, de ce redoutable et indispensable voyage vers soi-même. Depuis presque deux ans, il ne boit plus, et le récit de son divorce d'avec l'autodestruction se lit comme un immense cri d'espoir.
Ceci est ma Note N° 1499. Demain j'ouvre un bon flacon de quelque chose (je vous dirai quoi en temps voulu, mais pas du champomy) pour marquer la Note N° 1500.
Si c'est un whisky, sers-moi un Lagavulin ou un Caol Ila, un peu tourbé, que je trinque avec toi !
Rédigé par : Caritate | 01 octobre 2009 à 11:43
Heuuu....
Faisant abstraction de l'aspect merdiatique de la chose (la gloire de la "rédemption", tas de cons), il y a EFFECTIVEMENT un problème physiologique pour certains (pas de bol...), c'est tout ou rien.
Ca fait le succès des Alcoolique Anonymes qui en profitent pour fourguer leurs salades à deux balles, alors que ça n'a rien à voir avec la choucroute dans laquelle ils pédalent.
Rédigé par : GPI | 01 octobre 2009 à 11:59
cher Grincheux, je m'associe de tout coeur à votre 1500ème post.
demain je serai dans un autobus avec une vingtaine d'amis, me rendant à la fete de la bière de Bamberg... la route étant longue, depuis notre Bourgogne, nous aurons bien sur quelques bouteilles de Chassagne, Puligny, et autres spécialités locales que nous partagerons allègrement: je léverai mon verre à votre santé.
Rédigé par : grosjeff | 01 octobre 2009 à 16:40
GROSJEFF
Je lis avec gourmandise que vous vous rendez vendredi 2 octobre à la fête de la bière de Bamberg (Allemagne)... j'ai soif d'en savoir plus...une rapide recherche me fait comprendre, selon un article de LIBERATION de 2007
(http://www.liberation.fr/vous/0101223823-la-baviere-paradis-de-buveur-de-biere-fuir-munich-et-sa-fete-de-la-biere-le-regal-est-dans-les-brasseries-des-charmants-petits-villages-bavarois)
dans quel pétrin vous allez vous fourrer :
Munich, (envoyée spéciale)
Des tablées de soiffards. Des concours d'ivrognes pour déterminer qui descendra le plus de litres de bière. Des rafales de rires gras, des braillements. Des ventres énormes qui s'empiffrent de bretzels. Des vessies qui n'en peuvent plus et exigent sans cesse d'aller au pissoir. Des soûlards qui titubent de tente en tente" Autant le dire franchement, voici quelques unes des réjouissances que promet la 164e Fête de la bière qui s'ouvre ce samedi à Munich (...)
Bamberg A 60 kilomètres à l'ouest de Bayreuth, Bamberg, petite ville splendide, est la capitale de la bière de Franconie, avec pas moins de 9 brasseries encore en activité.
La grande spécialité de la ville est la bière fumée (Rauchbier) de la brasserie Schlenkerla: le malt est rôti sur un feu de hêtre et donne à la bière un goût de fumé fort curieux.
Plus classique, la brasserie Fässla accompagne sa bière d'une bonne cuisine bavaroise traditionnelle: un solide Pressack (boudin) ou de délicieux Blaue Zifpel (saucisses cuites dans un bouillon vinaigré), par exemple. On peut y dormir pour 98 marks (333 francs) la chambre double, visite de la brasserie et petit déjeuner dans l'ancienne écurie compris.
BREF : si vous pouviez me ramener des anecdotes et des photos, ce blog deviendrait participatif et festif, tout le monde en profiterait ...PROZIT !
Rédigé par : Grincheux Grave | 01 octobre 2009 à 17:22
Ami remplis mon verre
Encore un et je vas
Encore un et je vais
Non je ne pleure pas
Je chante et je suis gai
Mais j'ai mal d'être moi
Ami remplis mon verre
Ami remplis mon verre
http://www.youtube.com/watch?v=YeJjEezqi1I
Rédigé par : Caritate | 01 octobre 2009 à 17:49
Caritate, surprenante connaisseuse de whisky ! J'ai un net penchant pour le Lagavulin, plus iodé à mon gout.
Ce post devant rassembler la fine fleur des avinés de la blogosphère, je me fais une joie de proclamer haut et fort : Bourgogne über alles !
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 01 octobre 2009 à 22:47
Oui, mon bien-aimé Pilier, j'ai une préférence pour les whiskys de l'île d'Islay ! Et puis, sache aussi que j'aime les bonnes choses à manger et à boire, que j'apprécie les belles choses à contempler et à admirer... et surtout les êtres intelligents... à manger ? à boire ? à contempler ? à admirer ?
Et à écouter, Eros über alles ! et autres chansons du même H.F.T.
Rédigé par : Caritate | 02 octobre 2009 à 12:02
Un whisky ? Quel crime... Je vous pensais plus intéressée par un alcool mythique tel que l'absinthe, Caritate.
Rédigé par : blandine | 02 octobre 2009 à 12:45
Blandine, je ne suis pas sectaire. Selon les heures du jour et de la nuit : whisky, absinthe, tequila, cognac, vin blanc ou rouge, cognac, armagnac, bière, mojito, limoncello... tout sauf les apéros sucrés et le champagne (ou alors un Dom Pérignon). A chaque coude levé ses plaisirs ! L'important est que la boisson soit de très bonne qualité et, surtout, partagée avec des gens aimés ! Il en est de la boisson comme d'autres plaisirs, je n'aime que l'excellence !
Rédigé par : Caritate | 02 octobre 2009 à 21:29
Après une telle déclaration, il ne reste plus qu'à aller couper les joints !
Rédigé par : Le Pilier de Mine | 02 octobre 2009 à 23:40
Que d'exigences, Caritate !
Ceci dit, je vous imagine bien sirotant un verre d'une quelconque liqueur, au milieu de la nuit, avec un bon livre...
Rédigé par : blandine | 03 octobre 2009 à 17:30
Ah non, pas une liqueur, beurk, trop sucré ! Mais OK pour le bouquin.
Rédigé par : Caritate | 05 octobre 2009 à 11:18
Bierfest? Vous ne voulez pas plutôt parler de Oktoberfest? Où on boit et mange beaucoup. Le plus célébre est celui de Munich.
Bonne semaine
Rédigé par : Helene | 05 octobre 2009 à 14:50