Tout a commencé vendredi par des séries d'éternuements bruyants. Samedi ce furent quelques frissons. Dimanche j'ai passé la journée ensuqué. Lundi, si je n'avais pas été chef, je serais resté couché. Lundi soir 8 novembre, je suis passé à mon traitement d'attaque favori : le grog. Le grog d'un grincheux grave. Mon grand-père, qui était d'une époque où les hommes portaient des chapeaux, disait que pour traiter un coup de froid il suffisait de se préparer un bon grog, de se vêtir chaudement, de placer son chapeau sur le montant du pied du lit (les lits avaient des montants), de se glisser à l'intérieur de celui-ci et de regarder de temps en temps le chapeau. Quand vous en voyez trois, vous êtes en voie de guérison.
N'ayant pas de chapeau, je l'ai remplacé par la télé. Sur FR3, c'était une émission spéciale sur de Gaulle, disparu il y a juste quarante ans aujourd'hui. J'en étais à mon troisième grog, quand un intervenant a rappelé que le colonel Charles de Gaulle avait publié au début des années trente un livre visionnaire sous le titre de Le fil de l'épée, où il avait défini, entre autres, ce que devait être selon lui un chef, je cite un passage : L'art du chef, c'est ne jamais mettre personne au courant de ses intentions. Après cela j'ai vu trois postes de télé et je me suis laissé glisser dans une douce torpeur après avoir fait l'effort surhumain d'appuyer sur la touche on/off. Il me semble que le reste de la nuit s'est passé à voir de Gaulle redevenu en 2010 le chef occupant la plus haute fonction de l'Etat à l'Elysée, un président détaché des contingences de l'argent, un homme qui ne pensait qu'à la grandeur de la France, qui avait insisté à sa prise de fonction pour faire installer un compteur électrique spécial à l'Elysée afin de se faire facturer à titre personnel sa consommation électrique, un leader charismatique sachant fixer des objectifs à long terme, montrant la voie et l'exemple...
Mardi, 8h45, j'ai la langue comme une grosse spontex, je mets Europe 1 et je découvre en quelques minutes que c'est Sarkozy qui occupe l'Elysée, un homme plus soucieux de ses revenus et de ses avantages matériels que de ceux du peuple, portant des montres coûtant 15 ou 20 smics mensuels, un chef capable d'annoncer en juin, sans aucune raison objectivement favorable au pays, qu'il va dans 4 ou 5 mois effectuer un remaniement ministériel, puis qui s'amuse à observer le bal des prétendants s'agiter pendant des semaines, en les attisant, en exitant les rivalités, tandis que le pays stagne dans la crise. Gueule de bois.
Une recette de grog trouvée sur le site Doctissimo (apprécier le paragraphe final "avec qui le boire") :
LE GROG TROPICAL : Faites chauffer dans une casserole le rhum, le cointreau, le jus d’orange et la cannelle, remuez et retirez du feu avant ébullition. Versez le mélange sur le thé et répartissez-le dans deux verres, décorés d’un quartier d’orange piqué de clous de girofle et d’un bâton de cannelle.
Son secret :
Un cocktail chaleureux et doux, qui met en confiance et inspire la confidence. Les ingrédients simples et connus de tous jouent la carte du naturel. Pourtant, malgré son côté primaire, ce cocktail est une vraie bombe ! La cannelle, dont la saveur sucrée séduit le palais, s’avère un puissant aphrodisiaque si l’on en croit les Romains. Les clous de girofle, à l’odeur pénétrante et chaleureuse, sont un excellent stimulant, tout comme l’orange qui, grâce à teneur sa vitamine C, offre un concentré de vitalité. De quoi passer une nuit blanche !
Avec qui le boire :
Avec une personne nature, rassurée par le côté convivial, presque familial de cette boisson. Avec un(e) grand timide qui, envahi(e) par une douce chaleur, parlera en toute confiance.
J'ai marché devant tous, triste et seul dans ma gloire,
Et j'ai dit dans mon coeur : Que vouloir à présent ?
Pour dormir sur un sein mon front est trop pesant,
Ma main laisse l'effroi sur la main qu'elle touche,
L'orage est dans ma voix, l'éclair est sur ma bouche ;
Aussi, loin de m'aimer, voilà qu'ils tremblent tous,
Et, quand j'ouvre les bras, on tombe à mes genoux.
Ô Seigneur ! j'ai vécu puissant et solitaire,
Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre !
Vigny. Moïse
Rédigé par : Le Nain | 09 novembre 2010 à 15:22
MMMhh... suis pas aussi sûre que toi de l'accueil qu'aurait reçu le grand Charles de nos jours... c'est une gaullo gaulliste qui parle, mais je crois que son lyrisme intransigeant n'aurait pas passé le cap des médias. Avant de critiquer les politiques actuels, voyons aussi comment la presse les travestit (tous !)
Rédigé par : Valérie Pineau-Valencienne | 09 novembre 2010 à 18:45
Grincheux: pourrais-tu nous republier le desin de Kroll avec le quatuor De Gaulle - Mitterand - Chirac - Sarkozy ?
Rédigé par : Dominique | 12 novembre 2010 à 11:26