"Eric Zemmour était naguère un souverainiste plus ou moins original. Il s’est ensuite changé en publiciste nationaliste, machiste et anti-musulman. Il a continué sa course en polémiste fruste abonné des studios, qui dénonce le «politiquement correct» de la gauche pour asséner à tous les micros le politiquement correct lepéniste. Le voici désormais pétainiste. C’est la suite logique…
(...)
Pour choquer, pour faire de l’audience, pour vendre son livre et pour pousser ses idées xénophobes, il piétine implicitement le gaullisme et prend le parti de Vichy. C’est l’aboutissement inéluctable de son ignorance des réalités, de son oubli des principes républicains, et de la négation du travail des historiens depuis vingt ans. C’est l’oeuvre de son obsession anti-gauche et de sa pathologie xénophobe. Zemmour était un agent lépeniste. Le voici avocat des collabos. Quo non descendam ?"
LE POINT : Alors qu'il a été initialement imprimé à 100 000 exemplaires, une réimpression de plus de 20 000 exemplaires a été lancée avant même la mise en place du livre de Zemmour "Le suicide français", la semaine dernière. Et, depuis le début de la commercialisation, il s'en vend 5 000 exemplaires par jour ! Chez Albin Michel, on pronostique déjà un score final supérieur à 200 000 exemplaires, un véritable triomphe pour un livre vendu 22,90 euros. Partout où il passe, Éric Zemmour bat des records d'audience à la télévision.Ce volumineux texte de plus de 500 pages revient sur les erreurs, fautes et décrochages de notre pays depuis la mort du général de Gaulle. Un livre brillant, dépressionniste et rageur qui remplace en numéro un des ventes un règlement de comptes ravageur et destructeur, voilà qui en dit très long sur l'état de rage et d'énervement des Français.
On voit Zemmour partout, certes, mais c'est à chaque fois comme s'il passait devant un peloton d'exécution composé de ses confrères. A voir la hargne, la haine sur les visages et dans les propos déclenchées par "Le suicide français" dans la presse conventionnelle dominante (= de gauche), on n'a qu'une envie, aller acheter ce bouquin pour découvrir par soi-même quelles vérités agaçantes il contient.
PHILIPPE BILGER DANS LE FIGARO :
La question sur la présence d'Éric Zemmour ou non (dans l'émission de Ruquier 'On n'est pas couché') envoie en réalité à un procès bien plus profond. Non seulement il avait toute légitimité pour être présent, non seulement il permettait à ses interlocuteurs de montrer leur pugnacité lucide ou convenue, mais en plus il avait osé exprimer ce que lui avait envie de dire, avec force et sans détour, et pour cela il n'avait pas hésité à secouer le cocotier médiatique et le ronron qui impose de ne jamais aller trop loin dans l'analyse historique, sociale et politique. Il y a des limites à ne jamais franchir car les grands espaces font peur aux petits du cercle, qui s'adorent et se congratulent dans leur réserve. Dans tous les sens du terme. Les bousculades sont interdites et priorité doit tout de même être laissée à ceux qui portent la bonne parole.
Éric Zemmour, cette règle implicite a été clairement et délibérément transgressée et je me rappelle il y a longtemps un autre iconoclaste, Christophe Hondelatte, qui avait révélé la supercherie de ces exercices médiatiques.
Comment ne pas percevoir le tremblement intellectuel causé par une démarche si ouvertement atypique quand on lit le billet, toujours sur le Plus, d'un certain Clément Avarguès-Charriéras, qui reproche à Éric Zemmour d'avoir proféré «le discours habituel sur le déclin de la France, l'immigration, l'islamisation de la société et la hausse de la délinquance. Des propos dangereux…»?
Il est piquant d'entendre dénoncer un «discours habituel» quand sa critique représente aujourd'hui le comble de la convention.
Aurait-il fallu, pour plaire à ceux qui ont besoin, comme on respire, de poncifs généreux mais faux, soutenir que la grandeur de la France ne cessait de s'amplifier, que l'immigration était une formidable chance pour elle, que l'islamisation, si elle était constatée, constituait une avancée et non pas un risque pour la démocratie et qu'enfin, contre toute évidence, la délinquance baissait?
Il est insupportable, pour beaucoup, de s'affronter dans l'espace politique et médiatique à une liberté d'expression prise au sérieux.
Pour que nos timorés de la pensée et du langage, nos amoureux d'une contradiction, mais douce, quasiment consensuelle, soient comblés, que la gauche continue son mouvement de moins en moins dissimulé vers un paradis qui serait un enfer, nous n'aurions plus le droit d'être nous-mêmes parce que la liberté et le talent, l'apanage de quelques-uns, seraient une intolérable offense pour tous les autres.
Vite, une loi contre Éric Zemmour !
"Feu sur Eric Zemmour ! A ceux qui doutent de la réalité de la pensée unique, il leur suffit d’observer l’unanimisme médiatique contre l’auteur d’un livre qui dénonce le suicide français. Le pilonnage est partout identique. Or, à regarder le journaliste batailler seul, un engouement pour le duelliste est né. Grâce au front commun de ses détracteurs, il est devenu le symbole d’une résistance à la pensée officielle et à son autoritarisme insupportable. Son livre s‘arrache : plus de 5000 exemplaires par jour. C’est un phénomène de société qui, évidemment, s’exprime là."
Je suis fondamentalement en désaccord avec Eric Zemmour, son analyse de l'histoire de France n'aime pas la mienne, mais la chasse aux sorcières dont il est victime m'insupporte encore plus.
Rédigé par : Le Nain | 09 octobre 2014 à 09:34
Zemmour énonce simplement des banalités, des évidences reconnues par les historiens : parmi tous les pays occupés par les Allemands, la France a été l'un de ceux où l'extermination des Juifs a été la moins importante : 70 % ont survécu. Dans d'autres pays, c'est la majorité qui a été exterminée.
Dans Histoire de l'antisémitisme, ouvrage de référence dont l'écriture a pris une vingtaine d'années et qui ne peut pas précisément être qualifié d'anti-juif, Léon Poliakov, juif, résistant, fondateur du Centre de documentation juive contemporaine et participant au procès de Nuremberg, affirme que l'existence d'un gouvernement de collaboration en France a contribué à limiter le nombre des victimes juives :
Après les protestations de l'Eglise de France de l'été 1942, et a fortiori après la défaite de Stalingrad, au printemps 1943, le double jeu, à tous les niveaux, des politiciens et des fonctionnaires, conduisit les hommes d'Eichmann à désespérer de l'aide de l'administration et de la police françaises, dans la zone occupée également. En juillet 1943, le SS Röthke, qui dirigeait à l'époque le IV B 4 à Paris [service chargé de la déportation des Juifs], mandait à Eichmann que désormais, leurs activités ne pouvaient plus se poursuivre efficacement, en France, qu'avec l'aide des troupes allemandes. C'est pourquoi, en partie du moins, le nombre des Juifs qui périrent dans les chambres à gaz demeura inférieur à cent mille, dans le cas français.
Et plus loin :
Près des trois quarts des Juifs hollandais furent exterminés, tandis que, en France, la proportion des pertes ne fut que d'environ 30 pour cent. Ce qui s'explique d'abord par la géographie [...]. Mais il faut dire aussi que, quel que pût être le jugement moral sur les compromissions françaises de 1940-1944, une relative autonomie, les roueries de Pierre Laval, et les multiformes doubles jeux en général favorisèrent eux aussi, dans une large mesure, la survie des Juifs.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 09 octobre 2014 à 13:17
Je suis fondamentalement en accord avec EZ, sans avoir son origine africaine je vis avec une semblable douleur l'histoire - qui n'est pas que française - depuis la fin des années 60. Joffrin, issu pourtant d'une terre bénie, est un de ces compagnons débâtisseurs maudits.
Rédigé par : clv | 09 octobre 2014 à 15:34
@olv
Ne perdez pas de vue que le vrai nom de Joffrin est... Mouchard. Quand je pense que les gauchistes reprochaient à la Légion étrangère d'affubler les nouveaux engagés, pendant un an, d'un nom d'emprunt (prévu par l'article 7 (introduit par Soult ministre de la guerre) de la Loi signée par Louis Philippe, je me marre!
Rédigé par : adamastor | 09 octobre 2014 à 22:45
Rectification :
JOFFRIN est né à Versailles, c'est par son épouse qu'il a des liens avec la terre bénie de Normandie. Jullouville, Granville, Villedieu-les-Poêles ça sonne (justement) comme la France qu'on ne peut pas ne pas aimer.
Rédigé par : clv | 13 octobre 2014 à 21:57