Tandis qu'à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : " Printemps, tu peux venir ! "
Premier sourire du printemps
Théophile Gautier (1811-1872)
On m'a fait apprendre par cœur cette poésie à l'école Carnot de Lens. C'était l'époque antédiluvienne (avant le déluge de l'Educ. Nat.) où entrer en classe de 6e se faisait par un concours et où nul n'y était admis sans maîtriser la langue française. Cette exigence durait ensuite pendant toute la scolarité, de la 6e à Bac + N, ce qui rendait impossible l'existence (comme on le voit couramment de nos jours) d'étudiants en université, puis ensuite d'ingénieurs et cadres en entreprise obligés de suivre des cours pour tenter de se hisser en français au niveau où ils auraient dû déjà se situer en classe de 6e. Il n'existe qu'une seule vraie méthode pour enrayer la situation catastrophique actuellement constatée par tous : reprendre les méthodes appliquées avec succès dans les années soixante et les décennies précédentes. Tout le reste n'est que billevesées. Qui en aura le courage ? Personne. C'est foutu.
C'était Charles d'Orléans qu'on nous faisait apprendre, dans une version modernisée quand même. La voici:
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderies,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau !
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie,
Chacun s'habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.
Et voici la version originelle:
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.
Il n'y a beste, ne oyseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie
Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye.
Riviere, fontaine et ruisseau
Portent, en livree jolie,
Gouttes d'argent, d'orfaverie ;
Chascun s'abille de nouveau
Le temps a laissié son manteau.
Rédigé par : Le Nain | 05 mars 2015 à 10:09
parce que le monde des années 60 et ses recettes est le seul que vous compreniez...:-)
ce pays est foutu parce que 'incapable de penser le monde d'aujourd'hui , encore moins celui de demain, autrement qu'avec des modèles ...d'hier...
cherchez l'erreur!
cela dit, je vous approuve , sur la question de la poésie(sachez quand même que, fort heureusement, d'autres poètes ont vu le jour depuis TH.Gautier)
REPONSE de GG
D'autres poètes ont vu le jour depuis 1872 ? Ah ?
Penser le monde d'aujourd'hui cela a consisté à appliquer une méthode pédagogique et des règles d'évaluation modernes qui ont pour résultat ce que l'on voit : une catastrophe en ce qui concerne la maîtrise de la langue.
Sans doute (selon vous) faudrait-il remplacer cette méthode par une autre encore plus moderne, à base de tablettes iPad, de consoles et de iPhone, avec des projections en 3D dans chaque classe ?
Or le ministère de l'EN sait pertinemment quelles étaient les méthodes en vigueur du temps où tous les bacheliers (et même les titulaires du Certif) n'avaient aucune difficulté en français.
La prochaine fois que je vois une grand-mère faire des crêpes (délicieuses) à l'ancienne, je la prierai de stopper cette recette dépassée qui n'est plus adaptée au monde d'aujourd'hui. Les modèles d'hier sont périmés, n'est-ce pas ?
On se demande pourquoi des vieux chnoques parlent en ce moment de rétablir le port de la blouse ou de l'uniforme dans les écoles. Pour le monde d'aujourd'hui (et de demain) c'est le port de baskets Nike et de jeans troués aux genoux qui convient. "Cherchez l'erreur".
Je ne comprends que le monde des années soixante, comme vous dîtes. Je ne vois pas ce que je fais devant un ordinateur, et comment j'ai pu faire carrière dans des boîtes mondiales de hautes technologies. "Cherchez l'erreur".
Rédigé par : Bill.Vezay | 05 mars 2015 à 10:49
Et pan sur le bec!!
Tout à fait d'accord avec GG!
Rédigé par : Christian | 05 mars 2015 à 11:36
Et aujourd'hui, la poésie, c'est ça :
"... Nique ta mère on t'y aidera
Vous jactez car vous n'assumez pas tous ces millions sous mes pas
Non, négro je n'te connais pas si crime tu ne connais pas
Drapeau de pirate sous les bras on se reconnaîtra
Ma carrière est incroyable
Si j'vais en enfer j'paie le voyage !
Tu peux m'atteindre mais sois joignable
La haine'zer que je traine'zer est insoignable
J'suis pas le nègre idéal, nan
Prison, drogue, sexe, idéalement
J'ai quitté le ter-ter, au volant du RR
Loup de la casse, j'suis un expert
T'as aimé sucer, j'ai aimé Césaire
Au calme, au calme, au calme, au calme
Au calme, au calme, au calme, au calme
J'contrôle ma zone jusqu'en Guyana
J'ai posé l'trône sur l'Fujiyama
Si je l'attrape, pauvre Rihanna !
J'vais la découper sur place comme à Benihana
J'la mets dans le uc'zer en cas de ragnagna
Négros armés jamais vaincu sur la boîte'zer de Banania
On te trouveras..."
Rédigé par : clv | 05 mars 2015 à 15:32
@GG
1) "Or le ministère de l'EN sait pertinemment quelles étaient les méthodes en vigueur du temps où tous les bacheliers (et même les titulaires du Certif) n'avaient aucune difficulté en français."
2) "reprendre les méthodes appliquées avec succès dans les années soixante" Phrase très ambigüe.
3) "où entrer en classe de 6e se faisait par un concours et où nul n'y était admis sans maîtriser la langue française."
Je suis d'accord avec ce que je crois que vous voulez dire(ouf). A savoir vive la méthode syllabique et au revoir les autres. Mais vous vous trompez dans les dates, ce qui fait que vous ne prouvez rien. Les méthodes "pédagogiques", Freinet, globales et surtout semi globales dites mixtes, etc..., étaient utilisées bien avant les années 70 ou 80. Ma soeur, dans les années 40 a eu la chance d'apprendre à lire "globalement", elle est toujours dyslexique et n'a pas le bac!.
En fait 3) explique 1) et pour avoir le bac il fallait déjà passer en 6e. Quant au "Certif", c'était un examen que l'on n'obtenait que s'il y avait maîtrise du français parlé et écrit. En ce sens 2) ne veut rien dire. Et beaucoup ayant appris par des méthodes mixtes -mêmes dans les années 30- savent lire et écrire. L'analyse des "méthodes" ne peut être que statistiques, tout en tenant compte de l'importance des dégâts occasionnés.
Par contre, dire et tout faire pour qu'une classe d'âge ait 100% de réussite au bac est une idée(follement!) socialiste et post soixante-huitarde, dont les effets pervers ne sont pas encore mesurés.
Rédigé par : Dithyrambe | 05 mars 2015 à 22:37
La poésie n'est pas incompatible avec l'usage d'un Ordinateur... contraire, cela facilite la création, si l'on a gardé la faculté d'émerveillement de l'enfance...et cela, l'éducation moderne sait plus le faire...Maintenant, la poésie suprême, c'est "Nique ta mère..!" Horreur !
Kap
Rédigé par : KAPANDJI Adalbert | 11 décembre 2016 à 12:00
Moi aussi en 1958, j’apprenais tout par cœur, , il y avait le français, l'écriture qui était noté et 60 ans après , je m'en souviens encore, j'étais à l'école Carnot de Versailles, j'avais 13 ans,je me rappelle aussi de septembre
Rédigé par : Marie Françoise Brasseur | 02 mars 2019 à 18:23