Robert Marchenoir a dit :
Toutes ces savantes discussions sur le pluriel sont largement enfoncées par le Figaro, qui se met carrément au petit-nègre (*) : " Le FBI secret sur l'iPhone de San Bernardino "
Ben... ouais, le FBI secret, quoi ! Kess'ta qu'tu comprends pas ? La police fédérale américaine (FBI) a affirmé aujourd'hui qu'elle ne dévoilera pas à Apple comment elle a réussi à débloquer l'iPhone d'un des auteurs de l'attentat de San Bernardino, une affaire dans laquelle la marque à la pomme avait refusé d'apporter son aide.
(*) J'ai envisagé "au petit homme de couleur"... voire "au petit noir"... mais non, décidément, ça ne colle pas.
un petit blanc, ça existe aussi !
Rédigé par : Homo Orcus | 28 avril 2016 à 10:15
Bof, ce titre est tout à fait correct, ainsi que "La NSA ouverte sur le fax de Don Diego" ou "La CIA perdue dans l'affaire Tournesol", quel est le problème ?
REPONSE de GG :
L'interrogation vient des trois mots juxtaposés "LE FBI SECRET...", qui en français courant signifient que le FBI est secret, comme un coffre, un mot de passe, un escalier dérobé... De fait, c'est le propre de tous les services de renseignement intérieur de garder une grosse dose de secrets. Ne parle-t-on pas des "services secrets" ?
Le sens voulu était que le FBI reste muet, ne révèle rien, et le journaliste se trompe et trompe son lecteur en adoptant la forme "LE FBI SECRET...". Pour faire plus clair et en même temps plus court (ce qui est toujours appréciable pour un titre) il fallait écrire : "FBI : SECRET..."
Ou "LE FBI MUET..." ou "LE FBI NE REVELE RIEN..."
Quand quelqu'un refuse de te révéler quelque chose, as-tu l'idée de dire qu'il est "secret" ? Non, sans doute.
Voici la définition de l'adjectif "secret" par Larousse :
Qui n'est connu que d'un très petit nombre de personnes et ne doit pas être divulgué aux autres : Dossier secret.
Qui est fait, mené sans que personne d'autre ne le sache : Un rendez-vous secret.
Qui est le fait d'un petit nombre et qui est impénétrable à cause du mystère dont on l'entoure : Code secret.
Qui est soigneusement dissimulé aux regards : Un escalier secret.
Qui demeure intime, qu'on ne découvre pas facilement : Conserver le secret espoir d'une réussite.
Qui est caché au plus profond de quelque chose, de quelqu'un : Le sens secret de la vie.
Littéraire. Qui n'est pas porté aux confidences, qui dissimule ses actions : C'est un homme secret.
Rédigé par : porcoleader | 28 avril 2016 à 20:17
Comment tu traduis "confidential" en français... Euh, secret ? Merci !
Alors: Le FBI secret sur ..."
Rédigé par : amike | 29 avril 2016 à 14:31
"Le FBI secret", c'est la même chose que "Rama Yade lucide de pénétrer sur un terrain où on tire à balles réelles".
C'est le symptôme d'une maladie de plus en plus répandue, qui entraîne à perdre complètement les pédales : ceux qui en sont frappés deviennent incapables de maîtriser la langue française, ils disent littéralement n'importe quoi, ils mettent un mot à la place d'un autre en se disant que ça ira bien comme ça, et que si les gens ne comprennent pas, eh bien c'est tant pis pour eux.
Je vois d'innombrables exemples de cette épidémie, et cela depuis fort longtemps.
Le pire, c'est que cette maladie va jusqu'à frapper des professionnels de l'écriture et de la langue française, c'est à dire des journalistes. C'est dire l'état de ceux qui ne sont pas des professionnels de la chose, et qui donc ont moins l'occasion d'étaler leur ignorance en public.
Pour s'imaginer en droit d'accoler "secret" à "FBI", alors que l'adjectif secret s'applique à la chose que l'on garde secrète et non à la personne qui garde ce secret (sauf dans le cas de l'exception signalée par le Larousse de "l'homme secret", mais c'est alors une notation psychologique et individuelle et non le propre d'une institution qui décide de ne pas révéler une information ; et d'ailleurs l'homme secret ne garde pas des secrets, il s'abstient justement de révéler des choses personnelles mais banales), il faut ne jamais avoir lu un livre de sa vie.
Et en tous cas pas dans son enfance, au moment où l'on apprend sa propre langue.
La dégradation intellectuelle et scolaire est générale en Occident, mais je n'ai jamais vu de fautes aussi odieuses dans des textes en anglais, qu'ils soient en ligne ou imprimés, qu'ils soient le fait de professionnels de l'écriture ou d'anonymes de base.
Il y a un je-m'en-foutisme spécifique aux Français, un côté "Ben oui, j'écris c'que j'veux et j't'emmerde, chuis un rebelle, moi, t'as un problème ? L'orthographe, c'est bon pour les bourgeois, la forme ce n'est pas important, ce qui compte c'est que je m'essprime", etc.
Les autres peuples peuvent aussi s'enfoncer dans l'ignorance, mais au moins ils conservent un reste de honte à cet égard.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 29 avril 2016 à 16:22
Au passage, ce genre de fautes terrifiantes montre toute la bêtise et la malhonnêteté des millions de gens (et de professeurs) qui ont dit depuis des décennies : bah, l'orthographe, c'est pas important, c'est juste de la forme, ce qui compte, c'est le fond.
Ces fautes prouvent que lorsqu'on lâche sur l'orthographe, on lâche sur tout le reste, car justement, la forme, c'est le fond.
Cela s'appelle même une langue. Une langue, ce n'est rien d'autre qu'une forme qui exprime un fond.
Et donc évidemment, il y a quarante ans, on a dit aux enfants qu'ils avaient le droit de faire des fautes d'orthographe "pourvu que le fond soit juste", et maintenant cela fait longtemps que l'on a pulvérisé la barrière de l'orthographe : c'est le fond même qui est atteint, c'est le sens des mots.
Aujourd'hui, vous allez très certainement avoir des palanquées de gens pour vous dire : bah, kess'ta à faire chier, secret ça veut dire qu'on garde des secrets, donc FBI secret.
Ce sont les mêmes (ou leurs enfants) qui vous disaient hier : bah, on s'en fout que le verbe soit au pluriel ou non, l'essentiel c'est qu'on comprenne.
Le problème, c'est qu'on comprend de moins en moins.
Et ce sont les mêmes (ou leurs parents) qui vous diront demain : le FBI lampe à huile, passke lampe à huile c'est quand on garde des secrets.
Et d'ailleurs, ça a déjà commencé.
La civilisation, c'est long et compliqué à bâtir. Pour la détruire, c'est beaucoup plus facile, mais ça prend du temps aussi, du coup on ne s'en rend pas compte.
Et puis ce sont vos petit-enfants qui en souffriront, donc, hein... riennafout'.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 29 avril 2016 à 16:38
"des professionnels de l'écriture et de la langue française, c'est à dire des journalistes."
est-ce un oxymore ?
Rédigé par : Bernard | 30 avril 2016 à 10:00