COUP DE GUEULE --
Soyons fiers de cette prouesse annuelle, que nous envient les Japonais et Américains, le Beaujolais c'est la France ! (Article paru dans Challenges)
Le revoilà ! Comme tous les ans, à la même période, le troisième jeudi de novembre il s’invite dans les bistrots et, plus encore, en tête de gondoles aux rayons liquide de la grande distribution. Le Beaujolais Nouveau c’est 193 000 hl de vin nouveau qui inondent les marchés en quelques jours soit près de 26 millions de bouteilles. C’est avant tout une prouesse logistique, car le vin que l’on déguste en cette fin de mois de novembre est bien celui de l’année, élaboré à partir d’une vendange effectuée trois à quatre mois plus tôt. On glose beaucoup sur son goût de fruits, mais il n’y a aucun doute sur son caractère tonique car ce vin n’a pas perdu pas de temps, fermenté vite fait, embouteillé à grande vitesse, expédié illico et bu sans façon dans une ambiance festive. Tous les ans, l’opération Beaujolais Nouveau s’apparente à une opération commando excellente pour les comptes des vignerons, des commerçants et de la balance des paiements. A consommer avec modération bien entendu, la consommation d’alcool est mauvaise pour la santé. (ndgg : faux ! les tanins sont bons pour la santé, c'est médicalement démontré)
On pourrait raisonnablement se demander qui des producteurs ou des consommateurs réalisent le plus grand exploit car l’essentiel de cette production est engloutie en quelques jours. Le marché français reste le plus important avec 101.000 hl vendus mais le Beaujolais est bien l’un des vins les plus exportés avec 92.000 hl écoulés au Japon (premier marché avec 50 300 hl), aux Etats-Unis (12 400 hl) au Royaume-Uni (7 600 hl), en Allemagne, Chine et Belgique. « Les ventes sont excellentes au Japon où la fête du Beaujolais n’a jamais perdu son souffle depuis que nous y allons tous les ans », témoigne le négociant Georges Duboeuf (surnommé le pape du Beaujolais) depuis Tokyo au moment où grâce au décalage horaire, il est déjà en train de déboucher ses premières bouteilles. « Je suis dans une soirée très sympathique entouré d’amoureux de l’art de vivre à la française, parmi lesquels des comédiens, des vedettes de la télévision, des journalistes… », raconte Georges Duboeuf à qui on réserve ici un accueil digne d’un chef d’Etat.
Les trois générations de Duboeuf sur le terrain
Afin de démultiplier cet effet (Du)boeuf, l’ingénieux viticulteur a confié à son fils Franck, le soin de présider les festivités données quelques heures plus tard sur le territoire américain, à New-York, alors que son petit-fils Adrien est lui aussi présent sur le sol japonais et enchaîne les rendez-vous et les interviews, vantant la qualité de ce millésime, « …particulièrement agréable car arrivé à la bonne maturité ». Outre, les marchés américain et japonais, la maison Duboeuf qui prépare l’avenir, a envoyé des émissaires dans les marchés prometteurs d’Afrique, du Canada et de Russie. Seule ombre au tableau, l’ambiance n’est plus la même en France. A force de critiques renouvelées aussi systématiquement que la sortie du vin lui-même chaque année, l’opération Beaujolais Nouveau se joue maintenant quasiment en sourdine. Alors qu’elle devrait avoir droit aux flonflons et aux rires. Au pays de la haute gastronomie et des vins rares, le "beaujolpif" a été injustement classé dans la catégorie des produits de mauvaise qualité. Pas assez chic pour les consommateurs français qui, n’étant jamais à un paradoxe près, sont même bien souvent pris en flagrant délit de dénigrement du Beaujolais Nouveau au moment même où ils sont réunis et se sont déplacés pour le célébrer.
La plupart des accusations sont fausses et toutes injustes. Un produit industriel? C'est faux, ce vin primeur est élaboré comme n'importe quel autre vin. Un produit au rabais? Archi-faux, le Beaujolais n'est pas cher mais il est élaboré selon des standards très élevés, surtout depuis qu'il se vend sur le marché américain. Un vin bas de gamme? Ça dépend pour qui. En Asie, ce vin vendu cher est considéré comme un produit haut de gamme, étroitement lié à l'art de vivre à la française, une référence absolue.
Cela doit être un mal français, on adore déboulonner nos statues, même quand le monde entier nous les envie. Mais le dénigrement systématique a un coût. Le travail de sape a été délétère. L’image de ce vin en a fortement souffert et les ventes s’en sont ressenties. Elles ont été divisées par deux dans les années 2000. Heureusement pour nous, les clients étrangers prisent plus nos produits que nos opinions. La décrue est stabilisée mais l’image du produit reste à sauver en France et la fête annuelle du Beaujolais Nouveau, la plus belle opération de marketing jamais inventée, doit absolument être remise au goût du jour. Une croisade importante pour le vignoble français mais aussi pour le moral des citoyens au moment où pour de multiples et bonnes raisons, dont l’absence de soleil pendant l’hiver, ils sombrent dans une mélancolie saisonnière et maladive. Un mois et demi avant Noël, pourquoi refuser cette belle occasion de célébrer un produit du terroir dans la convivialité ? Au nom du bon goût ? Ce serait une faute de goût au pays du bien-vivre !
Jean-François Arnaud, journaliste, Challenges - 16.11.2016
(Bravo, mon gars, c'est bien envoyé !)
A propos, vendredi 18 s'ouvre le salon Made in France à Paris, je suppose qu'il y aura un stand beaujolpif (il y a bien un stand du Slip français !). J'y serai...
Au JT de TF1, ce midi, on a pu voir des japonais se baigner dans une piscine remplie de Beaujolais nouveau.
Quel gâchis !
Rédigé par : Caribou 95 | 17 novembre 2016 à 16:09
Salon "Made in France" certes, mais "Fait en France" ça le made aussi !...
Rédigé par : Dominique | 17 novembre 2016 à 16:45
Je rectifie notre GG : "A consommer avec modération bien entendu, la consommation d’alcool est mauvaise pour la santé. (ndgg : faux ! les tanins sont bons pour la santé, c'est médicalement démontré)".
Les slogans qu'on nous rabâche à longueur de journée disent bien que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, ce qui est totalement vrai ; pas la consommation en elle-même.
Rédigé par : porcoleader | 17 novembre 2016 à 19:09
Bravo pour le Beaujolais !
...Ainsi que pour le slip français.
Car ne pas oublier que la dernière goutte
est toujours pour lui.
Et bien sûr, Vive la France.
Rédigé par : DUVAL Maxime | 17 novembre 2016 à 20:00
Cher CorpoDealer !
Et le Génépi alors ?
Soit écrit en passant ne serait-ce pas plutôt l'abus de connerie qui serait mauvais pour l'humanité ?
Rédigé par : Dominique | 17 novembre 2016 à 23:08
@ Dominique : Pour confirmer tes dires, je rappelle qu'Einstein a dit:
"Si l'intelligence humaine a des limites, la conne rie n'en a pas".
Allez, à jeudi prochain midi, là où tu sais, pour ce que tu sais.
Rédigé par : Caribou 95 | 18 novembre 2016 à 13:47
Ben voyons... c'est parce que les gens disent du mal du beaujolais qu'ils n'en veulent plus... prends-nous pour des cons, Jean-François Arnaud, journaliste chez Challenges !
Peut-être que c'est l'inverse ? Peut-être que la vérité est dans l'hypothèse la plus manifeste, et non dans celle qui est carrément invraisemblable ? Peut-être que les gens disent du mal du beaujolais précisément parce qu'ils n'en veulent plus ?
Peut-être que s'ils se sont lassés de ce truc, c'est qu'ils en ont ras le bol de cette campagne de marketing lourdingue, qui revient comme la feuille d'impôt à même date depuis lanlure, avec toujours les mêmes "arguments" et le même produit médiocre et bien cher pour ce qu'il est ?
Peut-être qu'à force de traire la vache et de la prendre pour un boeuf, la vache va voir ailleurs si on y est ? Pour ma part, je bois toute l'année un vin bien meilleur que le beaujolais nouveau, nettement moins cher et dont personne n'a jamais entendu parler.
Peut-être que les gens ont fini par comprendre que toute la pub pour le beaujolais nouveau, c'est eux qui la payaient ? Peut-être qu'ils se sont aperçus qu'ils ont la chance de vivre dans le pays qui fait à la fois les meilleurs vins du monde (à peu près) et les moins chers ?
Peut-être qu'ils se sont aperçus que Jean-François Arnaud, journaliste chez Challenges, ne fait que retranscrire ce que vient de lui dicter l'industrie du beaujolais nouveau, qui se rend compte que son truc ne prend plus en France, et qui prétend que les Français doivent s'arracher la gueule avec son, euh, produit, pour lui permettre de faire du pognon avec les Chinois ?
Rédigé par : Robert Marchenoir | 18 novembre 2016 à 20:58