Instant de double surprise extatique ce matin au marché de mon village.
Au stand de charcuterie j'ai demandé « 150 g environ de rillettes de canard », oubliant la leçon Numéro 1 qui dit : « Il ne faut jamais aller traîner sur le marché quand on a une faim de loup et rien à y faire ». C'était mon cas, je venais d'un commerce proche et m'avait pris l'idée de traverser le marché pour rejoindre mon véhicule plutôt que de contourner le bâtiment qui l'abrite. Normalement, pour ma santé je dois éviter les charcuteries.
PREMIÈRE SURPRISE : le marchand m'avait paru hésitant devant ma demande exprimée en grammes plutôt qu'en centimètres comme c'est devenu l'usage, hélas, les prix demeurant obstinément en grammes alors que les commerçants sont devenus infoutus d'évaluer une marchandise en grammes, ils parlent en centimètres ! Poids affiché : 152 grammes contre 150 g commandés ! J'applaudis et félicite, mais le marchand trop modeste, et conscient de sa faiblesse, me dit que Oh non, c'est purement un coup de chance.
DEUXIÈME SURPRISE : au moment où j'avais aligné mes pièces sur le comptoir pour réunir la somme demandée, il me manquait 5 centimes, et soudain survint une coupure d'électricité plongeant le marché dans l'obscurité : on ne distinguait plus mes pièces de monnaie, impossible d'avancer dans la procédure de paiement. C'est alors que le commerçant, grand seigneur, trancha non pas une tranche de jambon mais la situation bloquée en lançant : « C'est bon, ça fera la rue Michel ! »
ÇA FERA LA RUE MICHEL
Origine et définition
Cette expression familière, attestée au XIXe siècle, provient d'un jeu de mots digne de l'Almanach Vermot, basé sur la rue Michel-le-Comte, dans le quartier du Marais à Paris.
Cette expression est apparue après 1806, lorsque cette rue fut ainsi nommée.
Elle serait venue des conducteurs de fiacre qui, une fois leur client déposé dans la rue (ou à proximité) et l'argent de la course reçu, leur signifiait ainsi avoir le montant nécessaire à quelques sous près.
Selon certains, elle aurait aussi pu être popularisée par les journalistes des nombreux quotidiens installés dans la rue Réaumur (celle où s'installa plus tard le journal France Soir), située à quelques pas de la rue Michel-le-Comte. A propos de la rue Réaumur, une rumeur malveillante courut, selon laquelle ce nom venait du nombre de prostituées alignées dos au mur attendant le chaland.
Ça fera la rue Michel = ça fera le compte
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