J'ai entendu Karine Berger interrogée sur Europe1 dimanche matin 25 août par un journaliste plus que complaisant, incroyablement disposé à lui laisser dire n'importe quelle ineptie. Qui est cette députée ? Elle est reconnaissable à ses énormes chevilles et son tour de tête démesuré. C'est elle qui s'est signalée aux blogueurs et aux twitteurs cette année par ces déclarations sur elle-même :
"Effectivement, je suis l'un des députés les plus visibles. J'ai le sentiment surtout d'être extraordinairement influente dans l'équilibre croissance - austérité" ;
"S'attacher à réguler la finance mondiale d'un côté et traiter du local d'un autre, c'est bien différent. Mais passionnant".
Les habitants de Gap et environs ont bien de la chance d'avoir élu une dame qui est en train de réguler la finance mondiale tout en se préoccupant d'eux, et qui se juge extraordinairement influente... autant qu'elle se charge de le dire si personne ne s'en était aperçu.
Revoir Bilet du 24 juin 2013 : Karine Berger, l'Himalaya des Hautes-Alpes
L'autre phénomène extraordinaire, mais qui n'est pas lié à Mme Berger, c'est la passivité déférente des journalistes qui se trouvent devant elle au moment où Mme Berger se livre à ses délires. Par exemple j'écoutais sur Europe 1 dimanche une entrevue organisée pour permettre à la députée Berger de déverser dans les cerveaux des auditeurs dès l'aube tout le bien qu'il fallait penser des initiatives du gouvernement Ayrault. Au moment où le tendeur de micro lui a parlé des hausses de TVA, où l'on croyait entendre percer un soupçon de vague critique, la députée des Hautes-Alpes a expliqué à ce journaliste ignorant qu'établir des taux de TVA à 5%, 10% et 20% (projet 2014) au lieu de 5,5, 7 et 19,6%, c'était bien, puisque les taux successifs de 5, 10 puis 20 étaient logiques et faciles à retenir, et que ses électeurs à Gap lui avaient dit qu'ils apprécient cette simplification, ils lui disent que ça sonne bien, cette suite 5, 10, 20. Sic ! Elle a osé répondre ça ! Et l'autre, le journaliste en face, a osé ne rien répliquer, ne pas s'esclaffer d'une telle ineptie. L'autre nouvelle, c'est que la race des crétins des Alpes ne s'est pas éteinte, elle réussit à survivre aux changements climatiques. Un noyau dur (et pur) a été regroupé dans et autour de Gap
RAPPEL :
À partir du 1er janvier 2014, les taux de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) vont être modifiés :
- le taux normal, qui s’applique à la majorité des biens et des prestations de service, passera de 19,6 % à 20 %
- le taux intermédiaire, qui concerne notamment la restauration, la vente de produits alimentaires préparés, les transports, les travaux de rénovation dans les logements anciens, sera relevé de 7 % à 10 %
- le taux applicable en Corse passera de 8 % à 10 %
- le taux réduit, auquel sont soumis les produits considérés comme de première nécessité (produits alimentaires et énergie), sera abaissé de 5,5 % à 5 %
Ainsi nous venons d'apprendre qu'il existe au coeur des Alpes une peuplade de consommateurs qui, jusqu'à l'arrivée de Monsieur Hollande à la présidence, étaient gênés par les taux de TVA biscornus et difficilement mémorisables qui leur avaient été infligés par des gouvernements vicelards. Constatez plutôt :
À compter du Taux de TVA
10 avril 1954 17,6 % (pour les entreprises seulement)
1er avril 1982 18,6 %
1er août 1995 20,6 %
1er avril 2000 19,6 %
1er janvier 2014 20,0 %
Qu'est ce que c'est que cette manie stupide du "virgule six" ? Dans les supérettes de Gap, jusque dans les boutiques Gap de prêt-à-porter tendance, les électeurs de Madame Berger ne cessaient depuis 1954 de tarabuster les caissières avec leurs interrogations à la con : je vois sur votre ticket de caisse une TVA à 19,6, c'est pas un chiffre facile à retenir, ça, mademoiselle (entendez "pour un crétin des Alpes"), pourquoi vous n'arrondissez pas à 20 ? Et celui qui est à 7, pourquoi vous ne lui donner pas une promotion à 10, qui est la moitié de 20 ? Enfin Jean-Marc Ayrault vint aplanir tout ce fatras, et Madame Berger elle est contente et ses électeurs avec. Nous, les autres, on n'est pas trop contents car nous on a compris que passer de 19,6 à 20% ça fait monter le prix à payer, c'est une baisse de pouvoir d'achat, et qu'on aurait préféré une simplification à 19, même si 19 est un nombre qui a l'air un peu idiot, sorti de nulle part, le double de rien sans virgule.
Qui connaîtrait le nom du journaliste qui tenait l'antenne dimanche 25 août vers 8-9h (grille d'été) ?